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Retour sur un sommet de guerre dans Hiroshima en état de siège

From ANC (France)

French / English (auto-translated)

French

Maintenant que nous avons quitté le Japon et que nos amis coréens du PDP [1] sont en sécurité, je peux revenir sur le déroulement de ce fameux G7 et sur les conditions dans lesquelles il s’est déroulé du point de vue de la population japonaise et des manifestantes et manifestants hostiles au G7, ce dont les médias ont très peu parlé ici.

Depuis qu’ils existent, les G7, outre leur constitution prétentieuse (les 7 pays les plus riches du monde ce qui n’est d’ailleurs pas le cas) [2] , n’ont jamais été une occasion de réfléchir au bien de l’humanité.

On n’a pas d’exemple de G7 qui ait décidé par exemple de mesures pour éradiquer la faim dans le monde, d’un programme mondial de promotion de l’accès au logement ou à la santé, ou mieux encore de prises de décisions permettant la redistribution des richesses à l’échelle du monde.

Non les G7 ont toujours été une réunion de dirigeants de 7 pays riches qui se rencontrent pour gérer au mieux les affaires du capitalisme international. 
Mais celui qui vient de se dérouler est encore plus grave et lourd de dangers pour l’humanité.

Certains auraient pu espérer, alors que nous sommes dans une situation mondiale marquée par la guerre non seulement en Europe mais aussi dans 60 pays de la planète, que des menaces chaque jour plus grandes pèsent sur l’Asie de l’Est, que ce choix-là dans ce lieu marqué si tragiquement par l’histoire, soit guidé par un nouveau « Plus jamais ça ! ».

Un sommet de la repentance en quelque sorte sur le thème : « les guerres que nous avons menées, les bombes que nous avons lancées, ont fait des centaines de milliers de morts, nous prenons l’engagement que cela ne se reproduira jamais, nous allons tout faire pour convaincre les pays en guerre par le monde, en Europe, en Afrique ou au Moyen Orient, de cesser ces folies meurtrières d’un autre âge ».

Bien sûr hélas il n’en a rien été et au contraire ce G7 a certainement été le plus guerrier depuis l’existence de cette instance.

Invitation de Zelenski pour lui permettre de convaincre des pays comme l’Inde de se ranger derrière ses projets guerriers, promesse de livraison de F16 à l’Ukraine, demande à la Corée du sud de livrer des armes (alors que c’est contraire à sa constitution s’agissant d’un pays en guerre), mise en place à l’occasion de ce sommet, d’une trilatérale USA, Japon, Corée du Sud à vocation guerrière…et menaces clairement proférées contre la Russie, la Chine et la Corée du Nord : la panoplie est complète !

Il n’est pas ici question d’analyser en détail (ce que nous faisons par ailleurs) les décisions prises et leurs conséquences mais de voir comment s’est déroulée cette conférence et comment les peuples, en particulier celui qui l’accueillait l’a vécue.

Dès notre arrivée à Tokyo, le ton était donné. Nos bagages sont fouillés et comme je transportais des banderoles du PDP me voilà retenu par la police de l’air et des frontières qui me pose une foule de questions, souvent répétées, sur les raisons de ma présence au Japon, mon opinion sur le G7…

Cela dure maintenant depuis deux heures et me fait craindre de louper ma correspondance pour Hiroshima. Finalement je suis libéré juste à temps et en courant je peux attraper mon vol tout en remarquant que mes camarades, habitués de ce genre de choses, font à ma sortie de ma retenue, semblant de ne pas me reconnaître et que la délégation coréenne s’est dispersée dans la foule de l’aéroport de manière à prendre le vol en s’ignorant les uns les autres : sage précaution ils n’auraient pas manqué de subir le même interrogatoire voire de se faire refouler.

C’est une fois sortis de l’aéroport d’Hiroshima, dans le train qui nous mène à notre hôtel, que nous pouvons nous retrouver et rire discrètement de l’incident.

Le lendemain, le 19, 1ère manifestation. 

Combien sommes-nous au total au point de rendez-vous ? Une centaine ? 
Je suis étonné du petit nombre de personnes assistant aux prises de paroles préalables et du grand nombre de policiers qui ceinturent le point de départ.

Comme on peut le comprendre, parce que venant d’un européen appartenant à un des 7 pays, mon intervention (photo de Une) à la demande de mes amis du PDP, pourtant sommaire et improvisée, est fortement appréciée du public essentiellement asiatique présent.

Quand la manifestation démarre, celle-ci se renforce immédiatement et le long de son parcours de gens venus de nulle part comme s’ils étaient cachés en attendant le démarrage. Mais le fait le plus marquant pour nous, c’est la façon dont les policiers entourent le cortège, nous demandent en permanence de nous serrer sur un côté de la voie au point de nous empêcher de déplier complètement nos banderoles, nous font presser afin de ne pas laisser plus d’un mètre d’espace avec la personne devant nous et ne cessent de nous crier en japonais des injonctions qui se rajoutent aux slogans incessamment criés dans les mégaphones répartis dans la manifestations et que la foule reprend sans relâche.

Tout au long du parcours (qui dure un peu plus de deux heures) nous remarquons aussi qu’à l’exception d’un grand ilot commercial que nous traversons, les maisons semblent vides, il n’y a aucun signe de vie aux fenêtres des immeubles et les rues sont très dégagées pour une ville de plus d’un million d’habitants.

Nous voyons bien le soutien des rares personnes présentes et leurs signes d’encouragement. Nous comprenons que le dispositif policier agressif et disproportionné doit en décourager nombre d’entre eux de nous rejoindre. Il leur faudrait alors franchir la barrière humaine très serrée des uniformes qui nous entoure. 
Nous apprendrons aussi que la ville a été vidée d’une grande partie de ses habitants qui ont eu des congés extraordinaires pour l’occasion et ont été fortement incités à partir si bien que les rues de la ville semblent uniquement habitées par des policiers que l’on trouve en nombre à chaque carrefour, équipés de barrières métalliques qu’ils ouvrent et ferment au gré des consignes et répartis aussi le long des artères, même les plus petites.

Autre surprise de taille, à peine notre 1ère manifestation finie, nous voyons se succéder, dans la même zone commerciale, 3 autres manifestations à quelques dizaines de minutes d’intervalles avec les mêmes slogans, les mêmes pancartes, le même refus du G7 instance de guerre et d’impérialisme…et les mêmes policiers ceinturant de très près les marches, casqués, matraques à la main.

Désaccords entre organisateurs ? 
Stratégie coordonnée ? 
Plus sûrement morcellement imposé par les pouvoirs publics préférant 4 manifestations réduites qu’une seule bien plus visible…pour une presse internationale d’ailleurs quasiment absente à part une agence américaine, la presse chinoise et quelques petits médias locaux inconnus en France.

Mémorial de la Paix

En allant à Hiroshima nous avions évidemment l’intention d’aller au mémorial de la paix. Non pas pour manifester mais pour nous y recueillir dans ce moment où tout laisse à penser que les dirigeants impérialistes sont prêts à renouveler pareille folie en pire.

Las ! Comme tous les lieux touristiques de la ville, il est fermé : même le parc ! Et considéré comme un endroit stratégique, des centaines de policiers en rang serré en barrent tous les accès. On s’en doutait à voir, au fur et à mesure qu’on s’approchait, la présence policière s’intensifier au point que l’on pouvait dénombrer dans tout l’hypercentre de la ville, un policier tous les 10 mètres de chaque côté des rues.

Dans ce grand pays classé par « la communauté internationale » (sic !) comme un pays « démocratique » (resic !) nous ne doutions pas que nous étions surveillés depuis notre arrivée à l’aéroport. 
Certaines questions posées lors de la retenue dans les locaux de la police de l’air et des frontières ne laissaient de plus aucun doute sur la connaissance qu’avait de certains d’entre nous la police japonaise. 
Cela s’est vérifié, lorsque, à deux reprises, la voiture de nos amis coréens a été suivie de près par un véhicule de personnes en civil, filatures qu’il a fallu déjouer. 
Pour finir dans ce domaine des libertés, juste une observation. À chaque contrôle où nous sommes passés, Nouriati, franco-comorienne, a été retenue et fouillée…Un hasard sans doute qui n’a certainement rien à voir avec la couleur de sa peau…

Quoiqu’il en soit, la délégation ANC a pu porter, aux côtés des pacifistes et progressistes de l’est asiatique, le message de paix anti-impérialiste que nous avions mission de faire connaître.

À Hiroshima, une fois de plus les manifestations et les gestes de soutien ont montré que les peuples veulent la paix face à la menace chaque jour plus forte de déclenchement d’un conflit généralisé.

Plus que jamais gardons « l’optimisme de la volonté face au pessimisme de la réalité ».

[1] Parti Démocratique du peuple de Corée du sud qui avait invité l’ANC.

[2] Le Groupe des sept (G7) est un groupe de discussion et de partenariat économique de sept pays réputés en 19751 pour être les plus grandes puissances avancées du monde qui détiennent environ les 2/3 de la richesse nette mondiale2,3,4 puis 45 % en 2019 : Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni. Le groupe rassemble 7 des 10 pays avec le plus important PIB du monde, avec l’absence notable de la Chine qui occupe le 2e rang et de l’Inde qui occupe le 5e rang (en 2021). source wikipedia

English

Return to a war summit in Hiroshima under siege

Now that we have left Japan and our Korean friends from the PDP [1] are safe, I can go back to the course of this famous G7 and the conditions in which it took place from the point of view of the Japanese population and the anti-G7 demonstrators, which the media have hardly mentioned here.

As long as they have existed, the G7, apart from their pretentious constitution (the 7 richest countries in the world, which is not the case) [2] , have never been an opportunity to reflect on the good of humanity.

There is no example of a G7 that has decided, for example, on measures to eradicate hunger in the world, on a global program to promote access to housing or to health, or even better, on decisions to redistribute wealth on a global scale.

No, the G7 has always been a meeting of leaders from 7 rich countries who meet to manage the affairs of international capitalism as best they can. 

But the one that has just taken place is even more serious and fraught with danger for humanity.

Some might have hoped that, in a world situation marked by war not only in Europe but also in 60 countries of the planet, and with threats in East Asia increasing every day, this choice in this place so tragically marked by history, would be guided by a new “Never again!

A summit of repentance, as it were, on the theme: “the wars we have waged, the bombs we have dropped, have caused hundreds of thousands of deaths, we pledge that this will never happen again, we will do everything possible to convince countries at war around the world, in Europe, Africa or the Middle East, to stop this murderous madness of another age.

Of course, alas, this was not the case and, on the contrary, this G7 was certainly the most warlike since the existence of this body.

Invitation of Zelenski to allow him to convince countries like India to get behind his warlike projects, promise of delivery of F16 to Ukraine, request to South Korea to deliver arms (although it is contrary to its constitution as a country at war), setting up on the occasion of this summit, of a trilateral USA, Japan, South Korea with a warlike vocation… and threats clearly made against Russia, China and North Korea: the panoply is complete!

It is not a question here of analyzing in detail (which we do elsewhere) the decisions taken and their consequences, but of seeing how this conference unfolded and how the peoples, in particular the host country, experienced it.

As soon as we arrived in Tokyo, the tone was set. Our luggage was searched and as I was carrying PDP banners, I was detained by the air and border police who asked me a lot of questions, often repeated, about the reasons for my presence in Japan, my opinion on the G7…

This has been going on for two hours now and I am afraid to miss my connection to Hiroshima. Finally I am released just in time and running I can catch my flight while noticing that my comrades, used to this kind of things, pretend not to recognize me and that the Korean delegation has dispersed in the crowd of the airport so as to take the flight ignoring each other: wise precaution they would not have failed to undergo the same interrogation or even to be turned back.

It is once out of the airport of Hiroshima, in the train which leads us to our hotel, that we can meet and laugh discreetly about the incident.

The next day, the 19th, 1st demonstration.

How many of us are there in total at the meeting point? A hundred or so? 

I am amazed at the small number of people attending the pre-talk and the large number of police officers surrounding the starting point.

As one can understand it, because coming from a European belonging to one of the 7 countries, my intervention (picture on the front page) at the request of my friends of the PDP, however summary and improvised, is strongly appreciated by the public essentially Asian present.

When the demonstration starts, it is immediately reinforced by people coming from nowhere, as if they were hiding waiting for it to start. But the most striking fact for us is the way in which the policemen surround the procession, ask us permanently to squeeze us on one side of the way to the point of preventing us from unfolding completely our banners, make us press in order not to leave more than one meter of space with the person in front of us and do not cease to shout to us in Japanese injunctions which are added to the slogans incessantly shouted in the megaphones distributed in the demonstration and which the crowd takes again without slackening.

All along the route (which lasts a little more than two hours) we also notice that, except for a large commercial island that we cross, the houses seem empty, there is no sign of life in the windows of the buildings and the streets are very clear for a city of more than one million inhabitants.

We can see the support of the few people present and their signs of encouragement. We understand that the aggressive and disproportionate police device must discourage many of them to join us. It would be necessary for them to cross the very tight human barrier of uniforms which surrounds us.

We will also learn that the city was emptied of a large part of its inhabitants who had extraordinary vacations for the occasion and were strongly incited to leave so that the streets of the city seem to be only inhabited by policemen that we find in number at each crossroads, equipped with metallic barriers that they open and close according to the instructions and also spread along the arteries, even the smallest ones.

Another big surprise, as soon as our first demonstration was over, we saw, in the same commercial area, 3 other demonstrations at a few tens of minutes intervals with the same slogans, the same signs, the same refusal of the G7 instance of war and imperialism…and the same policemen surrounding very closely the marches, helmets, truncheons in hand.

Disagreements between organizers? 

Coordinated strategy? 

More likely it was a fragmentation imposed by the public authorities, who preferred four small demonstrations to one much more visible one…for an international press that was almost absent except for an American agency, the Chinese press and a few small local media unknown in France.

Peace Memorial

On our way to Hiroshima we obviously intended to go to the peace memorial. Not to demonstrate, but to pay our respects at a time when everything suggests that the imperialist leaders are ready to repeat the same madness, only worse.

Like all the tourist places of the city, it is closed: even the park! And considered as a strategic place, hundreds of policemen in tight ranks block all the accesses. We suspected it to see, as we approached, the police presence intensified to the point that we could count in all the hypercenter of the city, a policeman every 10 meters on each side of the streets.

In this great country classified by “the international community” (sic!) as a “democratic” country (resic!) we had no doubt that we were being watched since our arrival at the airport. 

Some of the questions asked during the detention in the premises of the air and border police left no doubt about the knowledge that the Japanese police had of some of us. 

This was confirmed when, on two occasions, the car of our Korean friends was closely followed by a vehicle of people in civilian clothes, which had to be thwarted. 

To finish in this area of freedom, just one observation. At each control where we passed, Nouriati, Franco-Comorian, was retained and searched… A chance without doubt which has certainly nothing to do with the color of her skin…

Nevertheless, the ANC delegation was able to carry the anti-imperialist message of peace that we had set out to promote, along with the pacifists and progressives of East Asia.

In Hiroshima, once again the demonstrations and gestures of support showed that the people want peace in the face of the ever-increasing threat of the outbreak of a generalized conflict.

More than ever, let us keep “the optimism of will in the face of the pessimism of reality”.

[1] The People’s Democracy Party of South Korea invited the ANC.

[2] The Group of Seven (G7) is a discussion and economic partnership group of seven countries deemed in 19751 to be the world’s largest advanced powers that hold about 2/3 of the world’s net wealth2,3,4 rising to 45% by 2019: Canada, France, Germany, Italy, Japan, the United Kingdom and the United States. The group includes 7 of the 10 countries with the largest GDP in the world, with the notable absence of China, which ranks 2nd, and India, which ranks 5th (in 2021). source wikipedia

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